Voyager II, Chine

Le modèle chinois, ce mix « capitalo-marxiste » – pour aussi improbable qu’il sonne –, ne constitue pas un paragon de liberté, loin s’en faut. Il n’empêche que d’ici une à deux décennies, la Chine Puissance se trouvera à la croisée des chemins, prête à monter sur la première marche. Il est tout à fait possible et cohérent d’imaginer un destin « cosmique » pour l’Empire du Milieu, loin des clichés que lui collent Hollywood et la « Cultura Americana » polarisée.

Chine puissance

En tant qu’auteur de SF, amateur de conquête spatiale, je mesure le chemin parcouru par les taïkonautes, les progrès accomplis en matière de lanceurs – les fameuses fusées Longue Marche –, de propulsion – électrique, cryotechnique –, la mise en orbite d’une station, jusqu’au satellite de communication quantique capable – dit-on – d’assurer l’inviolabilité du réseau – une première mondiale –, ou encore les travaux sur la téléportation quantique. Il m’apparaît donc normal d’envisager ce jour où ce pays prendra une place encore occupée par les États-Unis dont l’ambition à ce propos est quasiment éteinte, le relais – notamment médiatique – étant assuré par le secteur privé. Or l’espace est une affaire éminemment politique. À ce titre, la Chine est, et demeurera sans doute pour (très) longtemps, une puissance spatiale. Il faut entendre le terme dans toute sa profondeur, à l’aune de l’énorme complexe industriel qui soutient leur programme de conquête de la Lune et de Mars, mais aussi en terme philosphique : l’Empire du Milieu établit des plans à long terme, à l’opposé de notre vision.

Taïkonaute

Chine et Science-Fiction

En matière d’espace, la Chine est désormais une nation qui compte et qui comptera de plus en plus. Dès lors que l’on intègre ce point, il me semble logique de lui faire de la place dans le « story-telling  » ou le « background » d’un texte de science-fiction. En tant qu’occidental, nous avons tendance à regarder la nation-empire chinoise avec une certaine crainte ou de fascination, à travers un prisme culturel, alimenté – entre autres – par des événements tels que Tian’anmen, le Tibet ou les tensions en mer de Chine. La tentation est grande de leur donner un simple strapontin dans l’histoire ou bien leur faire endosser le costume du « méchant », position traditionnellement dévolue à la Russie. Il est aussi moins aisé pour des auteurs et autrices, à priori non sinologues et baignant dans une culture SF primo-américaine, de mettre en scène la Chine.
Si j’ai quelque peu abordé la question dans Voyager I, avec ce second tome, je mets les pieds dans le plat.
La Chine, qui domine la Triade, y occupe une place importante, avec ses problèmes – la démographie, le colossal défi écologique (qui est aussi le nôtre), le contrôle de la société – ; une place nuancée, portée par des personnages héroïques et une « posture » à cheval entre l’ancien et le moderne.

La Chine à la conquête de la Lune

Retrouvez les autres articles, prélude à la publication de Voyager II, à l’adresse : www.stephane-desienne.com ou éparpillés à tous les vents sur les réseaux sociaux, un peu comme des confettis lancés dans le vaste cyberspace…